Pourtant même le sous prefet s'en est rendu compte
Logement social : quand le sous-préfet recadre la CPa
Il l'a dit poliment, doucement et d'une voix presque monotone. Mais il l'a dit fermement : le bilan de la Communauté du Pays d'Aix (CPA) en matière de construction de HLM est en "demi-teinte", a constaté Yves Lucchesi, et il a laissé entendre que toutes les communes ne jouent pas le jeu du logement social.
Le sous-préfet d'Aix participait hier à une réunion de la Commission intercommunale de l'habitat organisée à Trets. Pour 2010, l'objectif était de financer la construction de 420 appartements sociaux. Or, 341 dossiers seulement ont pu être bouclés. Serge Lerda, directeur de l'habitat à la CPA a souhaité par la suite nuancer ces propos : le Plan local de l'habitat court sur trois ans, et si l'on considère la période 2008-2010, c'est en moyenne 436 projets par an qui ont été montés. Soit.
Reste que les différents délais administratifs et recours des tiers n'ont permis en 2010 de livrer que... 167 logements sociaux. Mais au-delà, Yves Lucchesi, sans acrimonie, a tiré le signal d'alarme. Les populations les plus modestes ne sont pas les seules à avoir du mal à se loger.
De plus en plus de classes moyennes ont des difficultés à habiter près de leur travail et "des étudiants désertent notre magnifique université". C'est que sur 34 communes de la CPA, 22 ont plus de 3500 habitants et doivent selon la loi SRU disposer de 20% de logements sociaux. "Or seules Vitrolles, La Roque-d'Anthéron et Rousset" respectent ce critère a ajouté le sous-préfet, qui a reconnu qu'Aix "en est très proche".
Mimet et Eguilles pensent être dans les clous et, en première instance, la justice vient de leur donner raison. Reste que 19 communes se sont vues assigner des objectifs de construction, et que "six seulement les ont atteints" a regretté le représentant de l'État. Qui a aussi noté que 42% seulement des 2,3 millions d'euros que l'État met à disposition de la CPA pour le logement social ont été utilisés...
Sous le sceau de l'anonymat, un maire de la CPA confiait il y a peu qu'il ne construisait plus de HLM dans sa ville en conventionnement avec l'État depuis que les maires n'ont plus la possibilité de choisir les locataires de ces appartements. En outre, "nombre de maires préfèrent voir la pauvreté s'installer dans les autres villes" a regretté Pascale Morbelli (adjointe PS au maire de Vitrolles). Le problème du logement n'est pas près d'être résolu.
Thierry Noir (tnoir@laprovence-presse.fr