Publié le mardi 14 décembre 2010 Alors que les responsables du projet sont à Bruxelles aujourd'hui, Maryse Joissains persiste et signe. La riposte s'organise
Maryse Joissains ne recule pas: elle se dit prête à créer un événement culturel "Aix-en-Provence 2013" si elle n'obtient pas satisfaction sur le dossier de l'université.
Photo Serge Mercier
Il y a d'abord eu le coup de sang. Vendredi, quand elle a pris connaissance des statuts de l'université unique, Maryse Joissains a immédiatement retiré la délibération qui devait acter l'entrée d'Aix et du pays d'Aix dans Marseille Provence 2013. Trois jours plus tard, ce n'est plus un coup de sang : c'est de la colère, froide, assortie d'une détermination sans faille... "Personne ne me fera changer d'avis ! Ni Valérie Pécresse (ministre de l'enseignement supérieur), ni le Président de la République!"
Pourquoi assujettir l'entrée dans Marseille-Provence 2013 aux statuts de l'université ?
Parce que nous avons toujours refusé de servir de marchepied. J'ai accepté la fusion des universités à une condition : que le siège de l'université soit en partie à Aix. Aujourd'hui, cette condition n'est pas remplie. Demain, nous allons accepter d'entrer dans MP 2013 et, dans trois ans, nous risquons d'être de nouveau oubliés : à l'heure d'attribuer les fonds, on nous dira que la ville culturelle, c'est Marseille et plus Aix.
Peut-on réellement imaginer que MP 2013 se fera sans la ville d'Aix ?
Tout est encore possible. Nous sommes disposés à rejoindre MP 2013, à condition que la ville d'Aix ne soit pas dépouillée. Or aujourd'hui, avec la décision qui a été prise au niveau des trois universités, nous considérons l'avoir été.
Que demandez-vous ?
Cela fait 600 ans que l'université est à Aix: il n'y a aucune raison pour que cela change. Ce qui était convenu est simple: l'université unique doit avoir un seul siège mais avec deux localisations. La localisation administrative et fonctionnelle à Marseille et la localisation stratégique à Aix. Si nous obtenons ces garanties, nous continuerons à avancer ensemble...
Sinon ?
Sinon, nous ferons Aix-en-Provence 2013! 2013 n'est pas un label et la ville d'Aix n'appartient qu'à nous. Avec l'argent qu'on nous demande, nous pourrions satisfaire tous les projets culturels du territoire. Nous ne souhaitons pas en arriver là
Mais je ne vois pas pourquoi nous ferions des sacrifices alors qu'on cherche à piller la ville d'Aix- en-Provence !
Un nouvel épisode de la rivalité aixo-marseillaise, sur fond de métropolisation...
Aujourd'hui, on essaie de tuer la ville d'Aix au profit d'une métropolisation larvée que tous les maires du territoire refusent. Marseille est une belle ville, avec un maire et des élus formidables... Pour autant, nous n'acceptons pas qu'ils nous marchent dessus. Nous sommes amis, nous avons les mêmes idées politiques, mais Aix passe avant les idées politiques et les amitiés.
Au risque d'être fragilisée politiquement ?
Ce n'est pas Maryse Joissains de l'UMP qui parle, c'est Maryse Joissains, maire d'Aix. C'est pour ça que j'ai été élue : pour défendre mon territoire. Si je cède, sur l'université, après ce sera quoi? La Cour d'appel..? L'IEP..? La solidarité doit fonctionner dans les deux sens : soyez solidaires pour l'université, nous le serons pour MP 2013. Si ils ne l'acceptent pas, nous nous débrouillerons avec nos moyens. Pour la culture et, pourquoi pas, pour l'université.
Une université aixoise... sans Marseille ?
La fusion est entérinée par un acte administratif: si on estime que cela porte grief à la ville d'Aix, on saisira les tribunaux. Je n'ai jamais été intimement convaincue par cette fusion
Je l'ai acceptée à condition que notre spécificité aixoise soit respectée. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
Damien FROSSARD