Publié le mardi 01 décembre 2009
Polémique autour d'un plan de communication organisée par la CPA
En février dernier, Maryse Joissains (UMP) et Jean-Louis Canal (PS), venus plaider la cause du pays d'Aix chez Borloo.
Photo S.M.
Dans son mail exprimant le rejet de la candidature du site, le vice-président Europe du groupe américain aurait mis en cause la campagne de communication dans la presse, achetée par la Communauté du pays d'Aix, la semaine dernière. Campagne que le groupe aurait jugée, selon Jean-Louis Canal, "non seulement pas utile mais contre-productive". Les grands encarts publicitaires vantant "son ciel bleu, ses salles blanches, sa matière grise : le pays d'Aix accueille First Solar les bras ouverts", une faute de goût ?
"Un manque de professionnalisme grave, souffle un proche collaborateur du maire de Rousset. Les industriels aiment le secret. C'était la dernière chose à faire." Ces dernières semaines, dans les couloirs de la CPA, on ne parlait que de ce dossier en béton, de tous les atouts techniques (le terrain, la station d'épuration industrielle, la proximité de la microélectronique) dont dispose la zone.
Mais on craignait la concurrence politique - et pas forcément technique - de l'Aquitaine, également candidate. D'où une campagne parfaitement "à propos", comme le pense toujours Maryse Joissains, qui ne voulait pas se faire "enterrer" par Alain Juppé, le maire de Bordeaux. Et qui voyait dans ce dossier, une clé de l'avenir du tissu industriel local (LaProvence de samedi).
Depuis la mi-septembre, dès que le groupe américain avait bouté la candidature de Peyruis (Alpes-de-Haute-Provence), la présidente de la CPA avait, comme au bon vieux temps de la croisade anti-LGV, dégainé sa plume. Et porté la candidature du pays d'Aix jusque dans les cabinets ministériels de Jean-Louis Borloo et de Christian Estrosi.
Il y a quinze jours, de retour d'un déplacement parisien, elle racontait sa rencontre avec le directeur de cabinet au ministère de l'Industrie. Jugeant le dossier en bonne voie : "Christian Estrosi soutient l'implantation de First Solar en Provence", avait-elle déclaré. Et de réécrire dans la foulée à Jean-Louis Borloo pour réclamer audience.
Hier, alors qu'on lui demandait sa réaction à la défection de First Solar, elle s'étonnait : "Je n'ai reçu aucun courrier de leur part. Je m'étonne qu'ils écrivent au maire et pas au porteur du projet qui est la Communauté du pays d'Aix." Et d'enrager que Jean-Louis Canal ne lui ait toujours pas fait passer l'information. "On crée une polémique qui ne sera pas positive pour le territoire."
Au cabinet de Christian Estrosi, on se disait sans nouvelles de First Solar. Maryse Joissains veut encore y croire. Quitte à "faire la révolution". Du côté de Rousset, il ne semblait plus y avoir d'espoir. Et ce n'est pas Brandon Mitchener, le porte-parole de First Solar, qui va éclaircir la situation : "C'est une formalité, un mail de courtoisie que nous avons envoyé aux communes candidates comme il y en a eu des dizaines. Mais pour vous dire la vérité, Rousset ne figurait pas sur la liste des sites que nous avons évalués en profondeur."
Quid de la campagne de com' ? "Encore une fois, cela ne peut pas avoir été préjudiciable puisque Rousset ne figurait pas sur la liste." Il est loin le temps de la LGV où la députeé-maire UMP menait bataille au côté du maire PS et vice-président de la Région, aux portes du ministère de Jean-Louis Borloo. La première n'a vraiment pas besoin d'un revers de ce genre en cas de nouvelle municipale. Le second pourrait transformer cet échec en argument de campagne pour mars prochain.
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Rappel des faits : Le 23 juillet dernier, le groupe américain First Solar officialisait son partenariat avec EDF Énergies nouvelles. Son président, Michael J.Ahearn, qualifiait l'implantation de son groupe en France "d'acte de foi dans le marché et son grand potentiel".
Saluée par le ministre Borloo, l'implantation de l'usine représentait un investissement de plus de 90 millions d'euros et la création de 300 emplois. Usine dont EDF EN sera l'unique client pendant dix ans et ce dès 2011. Après l'abandon du site de Peyruis (Alpes-de-Haute-Provence) par le géant américain, le pays d'Aix s'était porté candidat.