La relation entre auteurs partisans de la décroissance et la défense des femmes est terrifiante.
Une auteure comme Charlène Spretnak montre un mélange d'anthropologie antique et d'utopie protestataire écolo féministe. Après s'être intéressée aux mythologies préhelléniques, elle développe une théorie féministe, écologique et spiritualiste. Elle s'oppose aux valeurs patriarcales qui sont liées "à la vénération de la structure hiérarchique et de la compétition, la pratique de modes de relations qui impliquent soit une domination soit une soumission, l'aliénation par rapport à la nature, la répression de l'empathie et des autres émotions (...). Ces traits se manifestent chez quiconque, homme ou femme, choisit de se plier aux règles de la culture patriarcale". Spretnak utilise comme modèle les représentations du néolithique, où "la terre mère, les éléments et les animaux étaient respectés". La période pré indo-européenne devient un argument politique "Je ne suggère pas que l'ère néolithique pré indo-européenne était parfaite, ni que nous devrions tenter d'y retourner. Cependant, leur art et les objets retrouvés apportent la preuve d'une compréhension raffinée de nos relations mutuelles avec la nature et ses cycles. Le respect de ces processus contextuels est pour nous riche d'enseignements sur le plan de la dualité". Cette période sert de mythe d'origine. On retrouve comme chez les décroissants une admiration des sociétés traditionnelles idéalisées. Cette représentation permet d'imaginer une culture post patriarcale sans angoisses existentielles où les "hommes vivraient leur état post orgasmique comme positif et découvriraient là une parabole du corps". Charlene Spretnak réactive le mythe de la Terre mère, Gaia et entend avec la mise en place de groupes politiques les "Committees of Corespondance" développer un "populisme écologiste à fondement communautaire", afin de promouvoir la coopération, le respect de la diversité, la non-violence, l'autodétermination locale et communautaire, la propriété collective, la spiritualité. Le matriarcat ou le pré-patriarcat permet à ces auteurs de penser un autre rapport de l'homme et de la femme à la nature, ainsi qu'un stade quasi utopique, où les conflits ainsi que l'autorité disparaissent.
On peut s’intéresser avec attention aux propos de Charlene Spretnak. Car elle se voit adresser un véritable panégyrique par Jacques Grinevald, cheville ouvrière du journal La décroissance et de L’écologiste, conseiller scientifique de la revue Silence et auteur de la préface de l’ouvrage La décroissance de Nicholas Georgescu-Roegen. Jacques Grinevald se lance dans une véritable ode " Le nom de Charlene Spretnak, je veux dire ce qu’il représente dans le monde des idées d’avant garde de la renaissance écologique ". Il rajoute avec lyrisme " il est clair comme le souligne depuis des années Charlene Spretnak, qu’on ne peut séparer l’écologie politique et l’écologie spirituelle. […] Comme le disait le poète la femme est l’avenir de l’Homme. Notre Terre Mère, Gaia, notre Biosphère, notre nouvelle Matrie planétaire, est une nouvelle figure du sacré qui tient compte des générations futures et de la biodiversité nécessaire à l’existence même de la Biosphère". Terre Mère, femme mère même combat. C’est ce même type de propos que l’on retrouve aussi dans l’édito du numéro de la revue Silence consacré au sexisme " Alors plutôt que de vouloir favoriser - par discrimination positive, par l’aide au développement, autant de concepts trompeurs - le rattrapage des femmes, il serait plus adéquat d’aider les hommes à aller vers les valeurs d’entraide, d’amour de la vie et de coopération que les femmes ont su plus intelligemment conserver ". Les femmes grâce à leurs qualités dites naturelles seraient plus à même de nous conduire sur les chemins de la nature et de la décroissance. Forcément puisqu’elles sont vues avec leur rôle maternel et leur attachement à la domesticité comme les gardiennes du temple de la tradition . C’est d’ailleurs pourquoi comme le pense Hervé René Martin elles seraient très contentes de retourner à l’époque du lavoir où existait une vraie sociabilité évitant ainsi le " cancer de la mondialisation " qui les déculture et les éloigne de l’essentiel, leur nature, la nature.
Et dire que des écologistes voient un espoir dans la décroissance ???