La maire UMP d'Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini, est ressortie jeudi 26 décembre sans mise en examen de sa garde à vue, décidée dans le cadre d'une enquête sur des emplois présumés fictifs. Selon une source proche du dossier, confirmant une information de France 3 Provence-Alpes, Mme Joissains-Masini était entendue pour « trafic d'influence et détournement de fonds publics ».
La directrice de la communication de la mairie, Isabelle Loriant, a assuré que Maryse Joissains-Masini n'avait été placée en garde à vue que pour « des raisons techniques ». « Sa garde à vue visait également à éviter une éventuelle nullité de procédure », a-t-elle ajouté. Le service de presse a précisé que la maire d'Aix-en-Provence était entendue dans « quatre dossiers différents », et qu'elle était « relativement rassurée, car [elle] sait maintenant ce qu'on [lui] reproche ». Elle donnera sur le sujet une conférence de presse vendredi 27 décembre.
La garde à vue aurait notamment porté sur les conditions de la promotion très controversée d'Omar Achouri, chauffeur de Maryse Joissains-Masini, qui, en avril, a accédé au plus haut grade de la fonction publique territoriale (catégorie A), et sur le recrutement de son fils, Christophe Achouri, par la communauté d'agglomération du Pays d'Aix (CPA).
Le 11 juin, la brigade financière avait perquisitionné la mairie d'Aix dans le cadre d'une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics » ouverte en avril 2012, à la suite d'un courrier de dénonciation parvenu au procureur de Marseille. Plusieurs contrats ont alors été épluchés, dont ceux d'Omar Achouri et de deux de ses enfants, dont Christophe, alors embauchés à la CPA.
PROMOTION INTERNE
Omar Achouri est un ami intime de la maire d'Aix qui cumule les fonctions de chauffeur et de « chargé des plaintes de proximité en centre-ville ». Très connu à Aix-en-Provence, il est le seul à conduire et à accompagner Mme Joissains-Masini en permanence. En juillet, L'Express révélait que si « Omar Achouri affichait bien trente-sept ans d'ancienneté à la mairie d'Aix, ses notes en formation et en mobilité – essentielles pour atteindre le grade A – étaient chacune de zéro ».
L'hebdomadaire précisait également que M. Achouri ne figurait, à la veille de la commission administrative paritaire qui allait le promouvoir, qu'en 46e position d'une liste de plus de 160 employés de catégorie B, « qui ne verra que deux personnes accéder à l'échelon supérieur ». La mairie d'Aix avait alors rétorqué par un communiqué que cette promotion interne était justifiée : « Omar Achouri, entré en mairie en février 1978, avait tous les critères pour accéder à cette nomination. »
Battue aux dernières législatives en 2012 par le socialiste Jean-David Ciot, Maryse Joissains-Masini se présente à sa propre succession à la mairie d'Aix-en-Provence en mars 2014. Investie par l'UMP, la maire d'Aix, 71 ans, doit affronter le candidat vainqueur de la primaire socialiste, l'avocat d'affaires Edouard Baldo. Mais elle est surtout très menacée par la candidature dissidente à droite de son ex-adjoint Bruno Genzana, investi par l'UDI. D'autant que ce dernier s'est engagé dans la campagne municipale avec le soutien de l'actuel premier adjoint d'Aix-en-Provence, Jean Chorro, en totale rupture avec Maryse Joissains-Masini.
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