Le lecteur l'aura compris, j'assimile l'idéologie à de la pensée aliénée, conditionnée et fossilisée dans les présupposés; je vois au contraire dans la dialectique la dynamisation permanente de la pensée, une sorte de vaccin contre le réflexe fétichiste. L'idéologie relève de la paresse intellectuelle et de l'effet de mode, la dialectique de l'honnêteté intellectuelle et de la solitude assumée.
Qu'en est-il alors de l'inconscient lorsqu'il est abordé dialectiquement ? La névrose est considérée comme un avertissement, le signal d'une carence de sens. Or il n'y a pas de sens possible en dehors d'une égale considération de la matière et de l'esprit et sans leur confrontation: privilégier l'un (matérialisme) ou l'autre (mysticisme) ne peut que mener qu'aux désordres de toutes sortes (psychiques, politiques, sociaux, environnementaux...).
Quiconque considère les objets, les événements et leurs représentations en ignorant le fait qu'il projette sur eux une bonne part de lui-même, celui-là se place ipso facto sous leur dépendance. Il s'y aliène et donc se déresponsabilise. A commencer par le cynique et l'hédoniste, incarnations de l'esprit du temps, qui ne cherchent qu'à cacher cette dépendance derrière une même prétention du moi (vanité) mais qui ne peuvent se libérer de quoi que ce soit que de façon illusoire : le moi, coupé de toute intériorité, ne peut plus que se réfugier derrière les apparences pour se donner une ombre de consistance. Or la substitution du paraître à l'être semble aujourd'hui devenue la règle. Le simulacre mis en oeuvre par la télé-réalité, permettant de dissimuler son manque d'étoffe derrière le réel et ses représentations, est le symptôme d'une façon de vivre largement partagée. Le sens des responsabilités est ici d'autant plus mis à mal que les tenants de la théorie de l'individualisme entretiennent une énorme confusion en identifiant "sujet" et "individu". A mon sens, si tout être vivant est un sujet (y compris le comateux), l'on ne devient individu que par le biais de l'expérience de la dialectique du moi et de l'inconscient (que Jung nomme "processus d'individuation"), centrée sur le repérage des projections inconscientes et leur différenciation d'avec le moi.
RETOUR AU SUJEt Mon exposé est parti d'une question: dans le cas d'une catastrophe écologique comme celle de Tchernobyl, comment déterminer les responsabilités ? La citation de Svetlana Alexievitch sur laquelle Gérard clôt son article, a valeur de recommandation : « Avec Tchernobyl, l'homme est placé devant la nécessité de revoir toutes ses représentations de lui-même et du monde ». Si j'ai donc posé comme préalable à l'étude de cette question le croisement des analyses de Jung et Ellul, c'est précisément pour répondre à l'invite de l'écrivaine russe : "revoir toutes ses représentations" appelle à mon avis une réponse globale, dialectique, ne se confinant pas à un cadre strictement socio-écolo-politique, comme c'est hélas le cas fréquent, mais intégrant aussi les champs de la sociologie de masses et de la psychologie de l'inconscient.
Or ce que j'entends surtout, ce sont les adeptes de la démocratie participative, quand ils affirment qu'être responsable, c'est ne pas se reposer sur les élus, encore moins se résigner à voir ceux-ci se défaire de leurs responsabilités (autrefois les nôtres) sur celle des experts, mais au contraire prendre part directement et plus nombreux à la vie de la cité. Cette approche m'a longtemps paru séduisante avant que je n'y décèle, une fois de plus, le réflexe objectiviste typique du discours idéologique. Ceci pour au moins deux raisons. Dire tout d'abord qu'il ne faut plus déléguer ceci ou cela, c'est vite oublier pourquoi on en est venu, il y a plus de deux siècles, à déléguer ceci ou cela. C'est oublier que la démocratie parlementaire n'est rien d'autre qu'une technique de gouvernement qui s'est imposée quand l'État a atteint des dimensions telles qu'il fallait bien déléguer. Préconiser des modes de démocratie directe sans, dans le même temps, se livrer à une critique de l'État relève donc d'une vision réductrice. Deuxième objection : quand les partisans de la démocratie participative décrivent la crise de la démocratie représentative comme résultant d´une mainmise des entreprises transnationales sur les institutions politiques, ils ont tort de désigner cette mainmise comme la cause des dysfonctionnements planétaires alors qu´elle n´est qu´une conséquence d´un phénomène qui dépasse largement le cadre de la politique : le Système technicien.
Ellul a traité ce problème il y a plus de quarante ans dans L´Illusion politique. « Nous assistons au développement de l'illusion de l'homme politique qui croit maîtriser la machine de l'Etat, qui croit prendre des décisions politiques toujours efficaces, alors qu'il se trouve de plus en plus impuissant en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. Or, cette impuissance de l'homme politique est voilée précisément par la puissance et l'effica-cité des moyens d'action de l'État qui interviennent toujours plus profondément (...) dans la vie (...) des citoyens. (...) L'homme politique, fût-il dictateur, n'a finalement aucune maîtrise de ces moyens. Réciproquement, paraît l'illusion du citoyen, qui, vivant encore sur l'idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions démocratiques, croit pouvoir contrôler la politique, l'orienter, participer à la fonction politique». Il se trouve que, pour avoir milité au sein de l´altermondialisme (j´ai présidé durant deux ans le comité local d´Attac Aix-en-Provence), j´ai cédé moi-même à cette "illusion" et "vécu sur l´idéologie des constitutions démocratiques". Avec d´autres, j´ai dénoncé la dérespon-sabilisation des élus au profit d´instances non démocratiques (OMC, FMI, Banque Mondiale, Commission de Bruxelles...) et cru que la cause de cette dépossession de pouvoir résidait dans "le Marché". Sans jamais me réclamer moi-même du marxisme, j´ai repris à mon compte bon nombre de présupposés marxistes. Or tout cela, je le dis aujourd´hui avec détachement, je l´ai fait par commodité intellectuelle : moi qui militais pour la démocratie participative, j´ai finalement abandonné mon jugement aux "fondamentaux" alter-mondialistes sans jamais vraiment prendre le temps de soumettre ceux-ci à une critique ciblée. Je me suis investi dans cette entreprise sans compter mon temps. Comme tant d´autres, mon militantisme a été sacrificiel. Mais ce que j'ai sacrifié plus que tout autre chose, c'est ma réflexion personnelle. Ce sont finalement les options prises par Attac en 2003, lors de son assemblée générale annuelle, qui préconisaient l´engagement dans la realpolitik, qui m´ont fait saisir à quel point les altermondialistes reprennent presque point pour point les anciennes pratiques partisanes, dont l´effondrement du bloc communiste avaient pourtant signifié clairement l´échec. Je considère aujourd'hui que ce n´est pas tant la "marchandisation du monde" qui est à placer sous le feu de la critique que sa "réification". Après tout, le libéralisme ne s´est pas érigé en pensée unique suite à un coup d´État. Nos dirigeants sont ceux que nous avons élus, ceux que nous méritons, ceux à qui nous ressemblons, quand bien même, suivant un réflexe primaire (« l´enfer, c´est les autres »), nous souhaiterions souvent qu´il n´en soit pas ainsi.
Être responsable, c´est effectivement ne pas se reposer sur les élus ni laisser ceux-ci s´en remettre aux experts mais c´est aussi ne pas faire systématiquement siennes les idées dominantes d´un groupe, quand bien même celui-ci s´attaque à la pire des dictatures. Être responsable, c´est "aimer son prochain comme soi même", pas moins, pas plus : quiconque sacrifie son temps à une cause s´y perd. Il n´est d´engagement valable que dans la capacité à se désengager dès lors qu´on aperçoit que l'intégrité de sa pensée est menacée. A défaut de quoi, l'union fait la farce.
Être responsable, c´est se libérer de la puissance d'envoûtement du réel objectif sous toutes ses formes. Ce qui nécessite un effort considérable au quotidien. Chaque jour, je mesure l´emprise du Système, en premier lieu dans le cadre mon métier : enseignant les arts plastiques en collège, il m´est impossible d´appeler chacun de mes 451 élèves par son prénom, a fortiori d´établir avec lui un lien personnel. Être responsable, c´est réaliser que ce genre de situation absurde, ce n´est pas le Marché qui en est la cause mais bien l´immense machinerie que les hommes ont construite au fil du temps dans l´unique but de s´adorer eux-mêmes. C´est mettre tout en oeuvre (à commencer par un témoignage) pour compenser le non-sens généralisé du Système par du sens et de l´intime conviction, au risque d´être incompris. C´est s'opposer sans relâche aux idéologies (au Mensonge, écrit Gérard) et aux idées reçues de toutes sortes par les armes de la dialectique.
Le processus de fétichisation est le propre de l´homme, tout autant que la volonté de ne pas le reconnaître comme tel. Les prophètes de l'Ancien Testament l'avaient bien compris lorsqu'ils pourfendaient l'adoration du Veau d'or. Les dénonciateurs du culte des images aussi ou encore les initiateurs du protestantisme, lorsqu'ils désignaient le spectacle catholique comme une subversion du message d'humilité de Jésus de Nazareth. Ou plus près de nous un Feuerbach : «Sans doute notre temps... préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être... Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré.» (Préface à la 2ème édition de L'Essence du christianisme).
Hélas, la réflexion sur la fétichisation (des objets, des faits, des images, du langage lui-même) n´a été reprise que très rarement (Ellul, Charbonneau, Illitch, Debord...) et sans grande audience. Elle est de fait complètement absente du débat politique comme de tous les "forums sociaux" altermondialistes. Du côté des "dominants", on parle de gestion, de pragmatisme, de management... du côté opposant, de démocratie, de régulation, d´alternatives... dans les deux cas, on entretient la même croyance que l'on peut changer les choses en leur donnant d'autres noms (tout comme notre ami Duchamp croyait sincèrement faire oeuvre en baptisant "fontaine" son urinoir. Qui l'aime le suive). Ainsi quand on invoque la nécessité de se référer à l'éthique, au principe Responsabilité (Hans Jonas) ou à je ne sais quel "principe de précaution ", on peine à réaliser que ces principes ne sont eux-mêmes que des techniques ; et qu'en y croyant, on se confine dans l'illusion de pouvoir agir sur les faits, alors que l'on reste conditionné par eux, façonné par eux, dépendant d'eux. C'est pour cela que ces types de discours n'ont aucune prise sur le réel.
Pour lutter contre le Système technicien, il convient non pas de nier les faits mais de s'extraire de leur emprise; pour cela, ne pas les aborder seulement comme des perceptions et des conceptions de la conscience mais aussi comme des projections inconscientes. Seulement de la sorte on peut espérer se défaire du réflexe objectiviste. Mais c'est aujourd'hui un travail considérable, tant les militants ont pris du retard en conservant durant toutes ces années des postures convenues. J'en suis. Le bruit médiatique, la publicité, la communication d´entreprise, l'organisation du travail, du chômage, de la précarité, de la culture, des loisirs... jusqu'à la politique elle même et tous les discours idéologiques, petits et grands (... toutes ces choses qu'Ellul assimile aux "techniques de propagande du système") participent d'une même tendance à travestir en bougisme et en logomachie une incapacité foncière à penser le monde de façon détachée. De fait, quand bien même toujours plus d'êtres subissent l'aliénation et en souffrent, le monde actuel n'en continue pas moins de devenir plus aliénant. Ce n'est donc pas la conscience des choses qui fait défaut; c'est le fait que les présupposés objectivistes ne sont pas levés, qui rendent cette conscience inopérante, incapable de se convertir en responsabilité.
Ce décalage entre la connaissance des dysfonctionnements et l'incapacité à y remédier vient d'un complexe d'infériorité par rapport aux faits qui va croissant. Les idéaux sont aujourd'hui désignés comme des pêchés de jeunesse. Ne serait-ce qu'au sein de l'institution scolaire, le pragmatisme est promu en règle de vie auprès des jeunes générations; non par le biais d'une catéchèse déclarée mais sur le mode tacite, quasi subliminal. Or si cette propagande s'opère ainsi, c'est qu'ont été intégrés les concepts modernes d´individu, d´Homme (avec un grand H), de citoyen; mais qu'en même temps, on ignore que ces entités dites universelles ne sont que des extrapolations consécutives au mythe de la Mort de Dieu; autant dire des abstractions. Certainement pas moins des abstractions que l'idée de Dieu, me dira t-on, mais pures ratiocinations en regard de l'expérience de Dieu ou, plus simplement, de l'expérience spirituelle.
En écrivant cela, j´entends déjà monter les cris d´orfraie : « De quoi ? Mais monsieur, le spirituel n´est qu´une affaire de vie privée ! ». Je sais. L´âme n´est aujourd´hui tolérée qu'en tant que supplément. Mais alors ? Si seul le discours raisonné est mis au centre de l´arène publique, faut-il s'étonner que la politique ne soit plus qu´affaire de rhétorique et par conséquent foncièrement inapte à anticiper les situations ? La politique atteindrait certainement ses buts si elle n'était qu'une affaire de gestion, mais une gestion conduite par des sujets accomplis et libres, pour le coup d'authentiques individus, qui n'éprouveraient plus le besoin de sacraliser quoi que ce soit pour se sentir exister. PANSER L'ARTICULATION DU JE-NOUS Résumons nous. La responsabilité n'est plus vécue comme une question centrale parce la politique étant érigée en nouvelle religion, le moi n'a plus "personne" à qui s'opposer en chacun de nous. Le "conflit de devoirs", qui était jusqu'à présent la seule vraie source de responsabilité, est devenu caduc. La responsabilité donc est réduite à une peau de chagrin: on ne l'invoque plus que quand les faits l´exigent, quand le réacteur de Tchernobyl est en purée, quand il est déjà trop tard.
Se pose donc une question. S'il est malsain, ou pour le moins mortifère de laisser le moi seul avec lui-même, quel interlocuteur, en notre for intérieur, pourrait-il être à même de le revifier (le rendre à nouveau responsable) sans que l'on retombe une fois de plus dans le mécanisme de la croyance ? Il me semble ici opportun de rappeler l'enseignement de Jung: le moi n'est qu'une conquête tardive de l'Humanité, un ilôt dans le psychisme. Un arbre qui ne doit sa survie qu'à ce qui l'irrigue souterrainement. Si les idéologies sont si vivaces, c'est que l'inconscient dispose d'une force créatrice incomparable. Or quand le moi s'arroge cette prérogative, il n'est qu'un usurpateur et son calcul se retourne immanquablement contre lui. En revanche, quand il reconnaît sa petitesse en regard des forces obscures, alors il peut légitimement prétendre à une certaine autonomie. Que retirer, en terme d'action politique, d'un tel enseignement ? J'observe que les altermondialistes reprennent la célèbre formule d'Ellul "penser globalement, agir localement" en lui conférant la plupart du temps un sens strictement historiciste: "il faut comprendre les mécanismes socio-économiques qui régissent actuellement la planète pour être à même de reprendre le contrôle de la politique sur la finance, et cela ne peut s'opérer qu'à l'échelon local, micro-économique, en veillant à ce que chaque sujet ne soit plus un simple rouage de l'économie mais un acteur à part entière". A priori, cette idée me convient. Mais en se contentant de formuler les choses ainsi, en ignorant à quel point l'inconscient est une puissance autonome, et comment il devient d'autant plus incontrôlable qu'il n'est pas reconnu comme tel, ils se comportent en doux utopistes, en adeptes du bougisme ("faut qu'on, y a qu'à") sans vraiment prendre le temps de questionner l'ensemble de leurs motivations. Cette esquive rend du coup inconcevable et impraticable tout programme.... toute prise de responsabilité. Quand Ellul avance que la Technique est devenue un phénomène autonome, je ne le comprends pas autrement que comme phénomène résultant d'une submersion du moi par l'inconscient d'autant plus importante que le moi s'arrogeait la prétention de tout contrôler. Que signifie alors l'équation global-local en termes dialectiques ? "Penser globalement" devient : "Prendre conscience que tout le monde, a priori est aliéné par le Système technicien ; "agir localement" devient "agir sur l'échelon le plus local qui soit : non pas la région, le département, la communauté urbaine ou le village, ni même la famille ou le couple, mais ce que Jung appelle le Soi, cette intrication du moi et de l'inconscient. "Penser globalement" et "agir localement", c'est finalement exactement la même chose: agir sur soi, s'expérimenter en permanence (lors du processus d'individuation), C'EST apprendre à penser le monde de façon détachée, dépassionnée, ce qui non seulement garantit la fiabilité de cette pensée mais rend envisageable une action sensée sur le monde.
Le Système technicien (à travers le principe de laïcité, qui n´en est qu´une déclinaison) a créé une fracture entre vie privée et vie publique. Mise en avant par le christianisme primitif, la première est aujourd´hui annexée par la seconde qui, elle, en sort survalorisée : ne pouvant s'empêcher de sacraliser quelque chose, les humains n´ont pu se défaire de l'ancienne religion sans la remplacer par une nouvelle, la politique. "L'Homme-et-le-citoyen" est un mythe qui se nourrit de la croyance en la mort de Dieu. Or plus de deux siècles se sont écoulés depuis la naissance de ce mythe. C´est largement assez, me semble t-il, pour en évaluer les effets : plus un humain se croit autonome de par l'exercice de sa seule raison, plus il s'illusionne et moins il est libre et responsable. En formatant l'ensemble de la la sphère privée, le Système technicien (notamment l´appareil d´État) réduit l'autonomie et la liberté, paralyse la responsabilité.
Il n´est donc de responsabilité possible que par la désaliénation de la Technique (Ellul), que par la capacité des sujets à sacrifier leurs derniers penchants idéologiques et à s'individuer (Jung). Il n'est de responsabilité qu'à travers la confrontation du moi avec ce qui n'est pas lui: non pas l'altérité, (voilà encore un terme à la mode qui ne signifie rien !) mais ce qui, en soi même, transcende le moi: l'inconscient. Aller à la rencontre de l'inconscient n'est pas une mince affaire. C'est même l'acte responsable par excellence. Car l'enjeu n'est pas tant le voyage touristique en terre imaginaire que le repérage de ses démons les plus intimes, ou si l'on préfère : ses névroses, petites ou grandes. Tant que ces démons ne sont pas identifiés, ils sont livrés à eux-mêmes et projetés sur l'autre de la façon la plus aléatoire, la plus imprévisible, la plus irresponsable. D'abord pour ce qui nous apparaît le meilleur (l'illusion) puis pour ce qui est vécu comme le pire (le désenchantement): "être" amoureux, c'est toujours "tomber" amoureux. Fantasmer nous empêche toujours de connaître le réel et de l'aimer pour lui-même. Mais quand la conscience rencontre l'inconscient, elle n'en n'est plus l'esclave mais l'amie. Ce n'est pas seulement le sens qui réapparaît alors mais la paix : la paix avec l'autre en même temps que la paix avec soi-même. "Penser" devient "panser".