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Qui je suis ?

Enseignant de sciences économiques et sociales

 

Marié, père de 2 enfants

 

Conseiler municipal d'opposition de 2001 à 2008

Militant socialiste

Engagé aux côtés d'Edouard Baldo

 

Photo CDM site campagne primaire 2014

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Ouvrage décroissance

La crise écologique est là. Même les plus sceptiques ne peuvent en douter. Réchauffement climatique, pollutions croissantes, cancers en hausse constante, extinction de plus en plus rapide des espèces, raréfaction des ressources pétrolières. Face à ces destructions engendrées par notre système économique devenu fou, certains écologistes s’opposent au développement durable et parlent de plus en plus de décroissance. Comme si c’était l’unique solution. Mais la décroissance n’est pas seulement une remise en cause de la dépendance énergétique de notre système économique. Derrière ce mot vague de décroissance se cache une idéologie plus vaste aux alternatives plus que discutables. Au nom de l’anti-occidentalisme, de la critique du progrès et de la rationalité, nombre de décroissants défendent des thèses inquiétantes, sur la critique de la modernité, la place des femmes, la démographie, la respiritualisation de la société. C’est cette face cachée de la décroissance qu’explore cet ouvrage.

 Cyril Di Méo, élu et militant écologiste à Aix-en-Provence est aussi enseignant de Sciences Economiques et Sociales.

 «Cyril Di Méo grâce à la connaissance approfondie qu’il a à la fois des écrits des grands ancêtres de l’écologie politique et de ceux de la mouvance décroissanciste inscrit ce courant dans une histoire longue, en identifiant les origines et le cheminement de cette pensée. Il montre précisément la gravité des implications du discours décroissant, notamment vis-à-vis des pays du Sud et des femmes. Un ouvrage sans concession, mais aussi sans dérapages, Cyril Di Méo s’en tient toujours très précisément aux faits, aux écrits pour étayer ses conclusions. Il conclut d’ailleurs son ouvrage en indiquant que « l’écologie doit faire le pari de l’intelligence de la raison ». Et c’est bien ce à quoi il s’attelle fort utilement avec ce livre ». 

 Guillaume Duval, Rédacteur en chef d'Alternatives Economiques.

   ISBN: 2-296-01224-8

 Achat en ligne

http://www.amazon.fr/gp/product/2296012248/ref=sr_11_1/171-1636061-8438610?ie=UTF8

http://www.harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=21965

26 juin 2006 1 26 /06 /juin /2006 23:57

Happy birthday le BLOG.  Et oui chers lecteurs.... cela fait un an que ce blog existe..

Il a été commencé une nuit de juin dernier en quelques clics de souris (et oui c'est assez facile à faire techniquement et en 2 -3 minutes un nul  en informatique comme moi peut le réaliser) après une réunion de la CPA mouvementée.

Vous êtes de plus en plus nombreux (plus d'une centaine par jour) à venir picorer régulièrement quelques humeurs, quelques commentaires de la vie aixoise, quelques reflexions sur l'écologie ... dans les 245 articles écrits cette année...

Je sais pas trop qui vous êtes car peu de messages sont laissés (et je na parle pas IP), je sais pas trop ce qui vous intéresse sur ce blog ( je comprends rien au système de comptage des consultations de pages)... mais c'est comme ça un blog.. ce sont des bouteilles jetées à la mer... des humeurs du moment que l'on prend le temps d'écrire pour pas les ruminer tout seul, ce sont des reflexions que l'on prend le temps de structurer un peu pour éviter d'être happé par le néant intellectuel qui caractérise souvent la vie  politique.... c'est aussi un moyen de faire partager des bouquins qu'on a adoré .. des médisances politiques qui nous brûlent les doigts ....des conneries politiques vues au conseil municipal ou communautaire (où si peu de public vient) qu'on ne peut pas taire..

Initialement c'était pas trop ça .. le blog je le voyais comme une forme de journal intime (comme s'il n'était pas public..et oui j'avais rien demandé à personne je ne me doutais pas que google reférençait  automatiquement).. ce qui a causé quelques bévues... et puis aujourd'hui c'est un moyen d'expression publique... pour mes proches, mes amis (qui prennent pas le temps de passer un coup de fil) , pour les aixois qui s'intéressent à leur ville (si si ils en restent quelques uns malgré la terreur joissiniste) , pour les écolos qui se questionnent sur la décroissance ... une petite auberge espagnole électronique où chacun  trouve (je l'espère ) un peu de ce qu'il cherche.. C'est aussi un moyen de faire de belles rencontres .... et de poursuivre des échanges mels persos très instructifs...Enfin bon je vais pas vous dire les côtés super d'internet....

Esperons que ce blog aura une longue vie... et encore merci à vous de venir faire un tour dans le coin de temps en temps..

Hasta  bloga Siempre

 

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26 juin 2006 1 26 /06 /juin /2006 22:09

Lors du conseil municipal de lundi 26 juin...Mme Joissains nous a proposé d'honorer plusieurs aixois. Il s'agissait aussi de féliciter un militant de la cause provençale qui vient d'écrire un ouvrage sur le Pays d'Aix.

Mme Joissains nous a donc demandé d'applaudir ce défenseur du félibridge....

Peut être que mme Joissains a des problèmes avec son dentiste..ou alors elle n'a pas abattu toutes ces cartes... mais de là à pas savoir qu'on dit félibrige pour parler des personnes qui depuis 1854 s'inspirent de l'école littéraire fondée par Mistral, Roumanille, Aubanel...pour défendre l'identité régionale....

Joissains c'est vraiment une provençale du .. dimanche...(de campagne électorale)

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 13:54

Maîtres Joissains et Salord, sur une collectivité perchés,

Tenaient en leurs becs un fromage.
Maître CEA , par l'odeur alléché
Leur tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Madame, Monsieur
Que vous êtes jolis ! que vous me semblez beaux !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes les Phénix des hôtes des bois de la CPA."
A ces mots le Salord et la Joissains ne se sentent plus de joie ;
Et montrent leurs belles voix,

« Pour dire que sans eux Iter ne se fera pas »
Ils ouvrent un large bec, laissent tomber leur proie.
Le CEA s'en saisit, et ne dit rien

Mais l’écologiste qui passait par là lui affirma:

« Mes bons Monsieurs,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute : »

L’habitant du Pays d’Aix se dit que cette leçon ne vaut pas son fromage car les 75 millions d’euros pour ITER c’est lui qui les payera…

Et oui ce jeudi 22 juin la CPA vient de voter l'attribution de 75 millions d'euros pour le réacteur ITER...75 millions d'euros pour des ferrailles, du béton...alors qu'ils auraient pu être dépensés pour du transport ou du logement...

ps et il n'y a que l'adjoint PS de Vitrolles M Denjean et François Xavier De Peretti qui se sont abstenus....tous les socialistes ont voté pour .

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 12:59

En lisant Politis cette semaine on apprend quelle que chose que l'on savait déjà. Rémy Jean y croit.


Ainsi il participe au sein de la LCR à la tentative de créer réellement un front antilibéral... Contre la position de la direction qui passe son temps à parler d'unité mais ne la fait jamais...il tente (à mon avis à perte) de rendre cohérents les appels à l'unité de l'extreme gauche.

Moi je dis (même si je pense que c'est voué à l'échec) total respect.

Mais bon avec un PCF qui ne reve que de plumer la volaille altermondialiste (ce qui est proche vu ce qui se passe à ATTAC), une direction de la LCR qui est enfermée dans des reflexes sectaires des années 60 (légitimes à l'époque vu ce que les staliniens leur faisaient)...je crois que cela n'aboutira pas..

 

 

On aurait pu croire le bonhomme de qualité..La suite a montré le contraire..

 


Mais tout ça a mal fini puisque comme tous ses anciens trotskystes une fois quitté la LCR ....c'est finalement le pouvoir qui les intéressent.

 

Ainsi Remy Jean a participé au vol du Logo de la LCR au second tour de l'élection municipale en faveur de sa liste..aix pour tous. Voici le communiqué de cette liste...

 

Communiqué de la liste Aix en Luttes (liste de la LCR aux municipales aixoises 2008)

Nous condamnons avec fermeté les mensonges d'Alexandre Medvedowsky et de Jacques Agopian qui ont prétendu dans leurs tracts que la liste Aix en Luttes leur avait apporté son soutien pour le deuxième tour des élections municipales et cantonales. Jamais nous n'avons fait part d'un tel soutien, qui est une pure invention du Parti Socialiste et de ses alliés.[comprenez Remy Jean] Concernant le deuxième tour des élections municipales, nous avions simplement indiqué que la défaite des représentants de la droite serait un désaveu de la politique du gouvernement. Nous n'avons pris aucune position pour les élections cantonales, ni pour le premier, ni pour le second tour.

 

Que des candidats qui se réclament de la gauche se laissent aller à des manoeuvres aussi grossières montre le peu de cas qu'ils font des plus élémentaires principes de la démocratie.

Le 17 mars 2008

 

  http://cyril-dimeo.over-blog.com/article-17856704.htmllink

 

 

Et puis l'ancien trotskyste se fait comique troupier..il  se met à expliquer à tout bout de champ..en quoi le ségolénisto-elsnetworker medvedowsky est un altermondialiste.. Pathétique..


http://cyril-dimeo.over-blog.com/article-20050928.htmllink

 

Finalement pitoyable.

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25 juin 2006 7 25 /06 /juin /2006 12:55

A Aix l'ambiance est tendue... chez les pompiers...

Et on lit ceci dans la Provence..

On se dit qu'à la caserne ils doivent pas se faire des bouffes ensemble le week end ...

Et ça rend pas serein sur la qualité du service rendu....

 

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23 juin 2006 5 23 /06 /juin /2006 23:54

Non mais qu'est ce qui faut pas entendre !!! Sègolène demande que les délinquants étrangers s'ils résident pas en France depuis longtemps soient explusés....la droitisation de cette candidate sur les questions sociétales est inquiétante...comment votera t'on pour elle au deuxième tour ??

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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 22:43

On en apprend dans La Provence..

A moins que ce soit un message codé pour analyser la vie politique aixoise...??

 

 

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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 22:04

Un copain d'Attac m'envoie le texte suivant et demande de le diffuser...Qu'en penser ? J'ai pas entendu les réactions de mes camarades d'ATTAC aix ???

Deux considératiions me poussent pourtant  à croire et soutenir ce propos...d'abord un vieux dicton "stalinien un jours stalinien toujours..." quand on sait d'où viennent Nikonoff et Cassen...ces méthodes n'ont rien de surprenant. Ils ont du apprendre ça à Cuba...

Deuxième raison Jean Marie Harribey que je considère comme un homme de grande vertu et d'une importante rigueur morale explique lui aussi qu'il y aurait eu fraude..cela me suffit à valider cette hypothèse...

Bonjour à tous,

Voici donc ci dessous un texte que j'ai cosigné avec des militants de la région PACA présents à l'Assemblée Générale de l'association qui s'est tenue ce week end (dont les présidents des comités locaux de Marseille et Aix et 4 candidats au CA d'Attac France).
>Une première lecture utile peut être cet article de L'Humanité d'hier qui, je crois, est l'article paru dans la presse le plus "pédagogique" pour resituer le contexte.
http://humanite.presse.fr/journal/2006-06-19/2006-06-19-831878



Assemblée générale d'Attac-France 2006:
Nous y étions et nous sommes en colère!


Une crise sans précédent traverse notre association. En effet des soupçons graves sur la validité de l'élection des représentants des adhérents ont pesé sur nos débats. Nous avons été avertis par plusieurs statisticiens du conseil scientifique et des bénévoles qui ont participé au dépouillement des conditions peu rigoureuses du dépouillement du scrutin par correspondance et d'anomalies graves ayant entraîné l'éviction de 5 candidats désignés par Susan George, dont 2 d'Attac Pays d'Aix, au
profit de 5 autres soutenant Jacques Nikonoff. Les procédures elles-mêmes nous paraissent contestables, notamment la divulgation avant la clôture du scrutin global non seulement du vote pour la liste des fondateurs (66 % des suffrages), mais aussi des totaux partiels pour les candidats membres actifs dès le 13 juin, l'ouverture des plis non suivie de dépouillement (le 13 juin) et le stockage de bulletins sans surveillance pendant la nuit du 13 au 14 juin, le dispositif des votes par procuration, etc.

Devant les sérieux doutes pesant sur l'élection des représentants des adhérents, par souci d'éthique, de démocratie et de transparence, et afin de ne pas légitimer un CA dont l'élection était entachée de graves soupçons d'irrégularité, les 11 élus fondateurs et les 9 élus membres actifs ayant soutenu la liste des fondateurs – dont Christelle Baunez (13) et Isabelle Mercier (04) ont fait une déclaration commune samedi après-midi, après la proclamation des résultats par Susan George. Ils ont
annoncé qu'ils suspendaient leur participation au CA tant qu'une expertise indépendante n'aurait pas rendu son verdict sur la sincérité du scrutin ; ils ont demandé la mise en place d'une commission provisoire paritaire remplaçant le CA ; et ont indiqué que leur travail de militants se poursuivait tant dans les comités locaux, que les commissions ou le conseil scientifique.

Si les soupçons sont confirmés, de nouvelles élections seront inévitables et devront être organisées au plus vite. Des tableaux chiffrés mettant en évidence les anomalies de dépouillement ont été distribués en AG. Mais ils ont été refusés par bon nombre de participants, qui déniaient toute éventualité d'anomalie dans le brouhaha le plus complet. Bernard Cassen a pourtant reconnu lui-même que les conditions de dépouillement n'avaient pas été optimales. Il a indiqué que nous en portions tous la
responsabilité et a proposé une motion  adoptée sur le champ à une grande majorité  permettant notamment d'engager des études statistiques sur le scrutin et d"'informer les adhérents. Malgré cela, il a déclaré légal et légitime le nouveau CA et le maintien de sa convocation pour le soir même, tout en négligeant d'appliquer la clause de parité, un engagement qu'avaient pourtant pris certaines élues, à présent en surnombre (17 femmes pour 7 hommes). Il faut savoir que le respect de cet engagement
aurait entraîné l'éviction du CA de 4 femmes « pro-Nikonoff » sur 5, au profit de 3 hommes soutenus par Susan George sur les 5 « repêchés pour parité ». Cette hypothèse n'a donc jamais été soulevée. De la même façon, toute idée de coprésidence a été écartée, une résolution qu'avait pourtant votée la dernière AG de La-Roche-sur-Foron.

Le nouveau CA est donc réuni le samedi soir à 22 membres  au lieu de 42 et les 15 votants présents ont réélu Jacques Nikonoff président et Cécile Guillerme trésorière. Il a aussi été décidé de modifier l'ordre du jour de l'AG du dimanche et programmé une réunion des adhérents "de base" présents, en excluant les adhérents appartenant au conseil d'administration, au conseil scientifique ou au collège des fondateurs, ainsi que la presse. Cette dernière réunion a sollicité la rédaction de 4
pages explicatives quant à la position politique des deux "clans": 2 pages pour le "clan Nikonoff" et 2 pages pour le "clan des fondateurs".

Enfin, une nouvelle réunion du CA a été convoquée pour le samedi 24 juin avec, entre autres, à l'ordre du jour ce qui s'est appelé pudiquement « les suites de l'AG », en référence à la demande d'expertise sur les élections.

Devant de telles pratiques, les engagements non tenus, les résolutions non appliquées et les graves soupçons de dérives antidémocratiques et irrégulières qui mettent en péril la crédibilité, la cohésion et les objectifs mêmes de notre association ;
Devant la volonté évidente du nouveau CA restreint de ne pas répondre aux demandes légitimes de presque la moitié de ses membres élus, dont une majorité de membres fondateurs, et de nombreux adhérents présents;
Devant la crise d'une gravité extrême que traverse Attac, dont les positions se radicalisent en deux tendances, celle des « pro-fondateurs » pour une Attac ouverte et pluraliste, et celle des « pro-Nikonoff / Cassen / Dessenne » pour une Attac « identitaire », constituée seulement de ses adhérents individuels ;
>Nous appelons tous les adhérents, quelle que soit leur fonction dans l'association, à s'informer, à se concerter, pour demander des explications au CA sur la transparence et l'honnêteté des élections, ainsi que sur les engagements non tenus.
>De la même manière, le collège des fondateurs et le conseil scientifique vont se réunir tout prochainement pour analyser ce qui s'est passé et tenter de trouver une solution.
>Nous nous tenons, quant à nous, à votre disposition pour tout éclairage supplémentaire et pour réfléchir ensemble aux propositions que nous pourrions faire. Vous trouverez ci-joint le texte de déclaration des élus au CA suspendant leur participation, ainsi qu'un tableau chiffré indiquant les anomalies relevées.
>
>Signataires : Christelle Baunez (Marseille), Claudine Blasco (Aix-en-Provence), Isabelle Bourboulon (Forcalquier), Valérie Brulant (Aix-en-Provence), Isabelle Mercier (Forcalquier), Raphaël Pradeau (Aix-en-Provence), Henri Saint-Jean (Marseille), Marcel Siguret (Marseille)


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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 21:58

Mon copain Joel me permet de mettre en ligne ce texte qui  a été publié le 12 juin 2006 sur le blog du journaliste Gérard Ponthieu : "C'est pour dire" (lien : http://gponthieu.blog.lemonde.fr/ ).En grand amateur de l'art contemporain je ne suis pas d'accord avec l'analyse de Joel..qui tient des propos n'étant pas dans Ma Ligne d'Horizon..Je fais une réponse quand ces putains de copies de bac seront digérées... 

 

Dès le sous-titre de son article, Gérard avance que le climat de "terreur" causé par l'explosion de la centrale de Tchernobyl a été aggravé par un mensonge. Il précise plus loin: "un mensonge sans doute aussi vieux que l'humanité et, dans sa forme moderne, aussi vieux que la politique (...) ; le mensonge politique, étatique, névrotique du stalinisme agonisant". Cette vision des choses a au moins l'avantage de ne pas reporter la responsabilité de "tout ce qui va mal" sur les seuls leaders d'opinion: si ceux-ci peuvent se montrer d'authentiques manipulateurs, c'est tout simplement que beaucoup d'autres se laissent manipuler sans grande difficulté. Il est donc aussi simpliste d'attribuer aux dirigeants le monopole de la malhonnêteté intellectuelle que d'attendre par leur entremise une quelconque forme de salut. Or, c'est pourtant bien souvent ainsi que les choses sont présentées aujourd'hui, tandis que sont occultés les processus psychosociologiques par lesquels les êtres en viennent à déléguer ainsi leurs responsabilités à d'autres. L'excuse récurrente - "ce n'est pas de mon ressort" - est l'expression même de la bonne conscience à l'origine de tant de faux débats. La question qui m'intéresse est de savoir comment et pourquoi s'opère le transfert de responsabilité sur les politiques ou les experts.


Reprenons l'exemple de Tchernobyl: quelles ont été en général les causes invoquées ? L'accident étant survenu sept ans après celui de Three Miles Island (où la catastrophe avait été évitée de justesse), le débat s'est focalisé sur les prétentions de l'Occident à contrôler les choses, en regard de la vétusté des installations soviétiques. Jamais n'a émergé l'idée que les prévisions en matière de risques ne s'opèrent que depuis les critères du moment. De fait, nul durant les années 1970 n'imaginait possible la fusion d'un réacteur. De même, quand on a construit les tours géantes du World Trade Center à New York, personne ne se doutait qu'il ne faudrait que quelques minutes à une dizaine de per-sonnes pour les détruire à peine trente ans plus tard.

Aujourd'hui encore, on a du mal à tirer toutes les conséquences du fait que tout moyen technique est appelé à devenir caduc de plus en plus rapidement. Et, a fortiori, que c'est pour cette raison que nous en sommes arrivés à devenir toujours plus dépendants de la technique : condamnés à trouver toujours plus de solutions techniques aux problèmes que nous soulevons nous-mêmes par la technique. Or si personne ne semble percevoir le caractère vicieux de ce processus, c'est que tout le monde en est également responsable. Le "mensonge" dont parle Gérard, c'est précisément le fait que ce déchargement de responsabilité sur la politique, "aussi vieux que la politique", n'est pratiquement jamais reconnu comme tel. Quelques détours par la sociologie et la psychologie de l'inconscient s'avèrent nécesaires pour le démontrer.

NÉCESSAIRES DIGRESSIONS

 Le sociologue français Jacques Ellul a consacré sa vie à analyser les raisons pour lesquelles la dépendance à l'égard de la technique n'est pas reconnue comme une aliénation à part entière, pourquoi l'idée "on n'arrête pas le progrès" est si ancrée et plus encore la croyance (qui lui est liée) que l'Humanité peut traiter ses dysfonctionnements en usant de la seule raison instrumentale. Sa thèse s'inscrit dans ce qu'on appelle la critique de la modernité. Résumons la. Jusqu'à une époque récente, la technique n'était qu'un moyen pour l'homme d'améliorer ses conditions d'existence. A partir de la Révolution industrielle, puis sous l'impulsion du scientisme du XIXe siècle, enfin avec l'essor des technologies du XXe siècle, elle est devenue un milieu à part entière, l'équivalent de ce qu'était jadis "la nature". Les grands plans d'urbanisme, le phénomène bureaucratique, tous les types d'organisation établis par quelques uns pour beaucoup d'autres (à commencer par le salariat, comme l'avançait déjà Marx) constituent des techniques d'asservissement, qui sont elles-mêmes légitimées par des techniques de propagande visant à prévenir tout mouvement de contestation. Ces deux types de techniques s'alimentent mutuellement, formant ainsi un tout qu'Ellul appelle "Système technicien".
Un système est plus complexe qu'un régime : on n'y trouve pas d'un côté les méchants qui asservissent, de l'autre les innocents qui subissent. Le manichéisme n'y a pas cours car les relations y sont interdépendantes: chacun est indissociablement acteur et victime. Pour être à même de le comprendre, il faut aborder les choses de façon dialectique. Hélas, comme on va le voir, penser dialectiquement devient de plus en plus difficile, tant le Système lui-même formate la pensée, la contraint à fonctionner de façon unilatérale et simpliste: idéologique.

 

 

S'il est donc aussi stérile d'aborder le phénomène de la technique en soi que de s'afficher technophile ou technophobe, il est en revanche essentiel de questionner les discours qui justifient le phénomène technique. Au XIXe siècle, après que les Lumières ont célébré le culte de la Raison, s'est imposée une conception du monde scientiste en lieu et place de la conception mythique (chrétienne) : on s'est dit alors capable de connaître la nature dans toute son étendue, de la maîtriser pour la plier à son usage et, de la sorte, devenir plus heureux.  Insistons sur ce point: dès le départ, les sacrifices qu'exige la grande transformation du réel sont portés par l'idéologie du bonheur : la sueur et le sang justifient la quête de bien-être («Le but de la société est le bonheur commun» - article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793). L'ancienne référence, la Bible, n'est pas vraiment rejetée mais "déminée": son interprétation devenant littérale, elle est détournée, orientée dans un sens idéologique. La théorie du salut par les oeuvres, en particulier, ôte au message chrétien toute sa charge subversive. Celui-ci était déjà instrumentalisé par la monarchie (pour asseoir son pouvoir), il l'est désormais (pour les mêmes raisons) par la bourgeoisie qui le réduit à une simple morale. Une morale qui érige le travail en valeur.

Ainsi l'économie devient la référence obligée pour qui entreprend de penser le monde globalement. Marx intervient dans ce contexte. Les techniques bouleversant les façons de travailler, elles se muent en environnement : un nouvel univers qui englobe l'humain à tel point que celui-ci oublie (s'il l'a su un jour) ce qui a provoqué la mutation. La technique devient un système qui conditionne davantage l'homme que lui ne croit le concevoir (à travers le discours des sciences sociales, dernier avatar du scientisme) et le contrôler (à travers "la technologie "). Ainsi est consacré le paradoxe : plus l'homme se dit autonome, plus il s'aliène au Système.

Le ferment de l'aliénation, c'est précisément le fait que l'idéologie du bonheur agit cachée derrière d'autres idéologies que sont les ismes, au premier rang desquels figurent le capitalisme et le socialisme. Se présentant comme des modèles de vie collective, ces ismes servent l'idéologie du bonheur en s'opposant les uns aux autres sur le devant de la scène de ce nouveau théâtre qu'est la politique, pour mieux occulter l'essentiel, telle la muleta détourne l'attention du taureau. Ils font diversion en s'affrontant dans un débat qui, bien que faussé dans son contenu, est activé du fait que sa forme attise la prétention du moi à penser et contrôler le monde. Récupérant la dimension sacrée qui, jusqu'alors, était le fait de la religion (désormais marginalisée), ils mythifient un discours qui, bien que laïque, n'en est pas moins présenté comme une doctrine sacrée. Cette sacralisation de la politique justifie non seulement , au plan sociologique, la prétention de quelques uns à contrôler le monde avec l'aval de tous les autres... croyants, mais correspond, au plan psychologique à une sacralisation du moi.

Si les ismes  procèdent de l'idéologie et de la croyance, se libérer de leur attraction nécessite un travail dialectique, sur soi-même. Seulement à cette condition peut-on comprendre que derrière l'apparente confrontation des doctrines se dissimule une seule et même pos-ture. Si la quête du bonheur constitue aujourd'hui la référence dominante, c'est que celle-ci attise une opposition de deux doctrines dans le but d'entretetenir l'illusion d'une liberté de choix entre les deux, alors qu'en fait, l'une autant que l'autre fétichisent pareillement le moi (le capitalisme dans sa forme singulière, le socialisme dans sa forme plurielle)... et par conséquent l'aliènent tout autant quand elles prétendent l'affranchir.

Quand je dis que le capitalisme et le socialisme se fondent sur la sacralisation du discours laïque, j'entends par là que l'un et l'autre transfèrent sur le terrain de l'immanence ce qui était autrefois débattu en termes de transcendance: l'un et l'autre contribuent à faire de la politique une même forme de religion. La question est de savoir quand l'affrontement gauche-droite apparaîtra comme la forme éculée de la guerre de religion. A cet égard, l'opinion selon laquelle "la gauche et la droite, c'est pareil", au delà du contexte populiste dans lequel elle s'exprime, peut se lire comme une invitation à percevoir un fonds com-mun, un même drame existentiel.

Quand en effet, partis de présupposés doctrinaux opposés, la gauche et la droite, se retrouvent autour du thème de "l'Insécurité", c'est le signe qu'ayant l'une et l'autre épuisé leurs arguments, mais peinant à le reconnaître, elles contournent dans la douleur (la contorsion intellectuelle) les questions centrales. Le "sauvageon" et la "racaille" sont certes les figures d'une exclusion sociale bien réelle (qu'il ne s'agit surtout pas d'ignorer) mais aussi (en même temps) celles du désarroi qui pointe à chaque fois que l'on se sent gagné et menacé par l'incapacité à maîtriser le cours des choses : l'autre (non celui qui valide le système mais celui qui le rejette) devient avant tout celui qui menace les certitudes.

Les formules telles que "fin des idéologies" ou "fin de l'histoire" me paraissent donc incroyablement présomptueuses. Lorsqu'en effet l'homme moyen d'aujourd'hui s'avise à penser le monde dans sa globalité, il ne procède finalement pas très différemment que son ancêtre des tribus primitives : il fétichise et, ce faisant, peine tout autant que lui à s'extraire du conformisme. Pas plus que lui, il ne parvient à assurer au contraire à sa pensée un mouvement dialectique qui lui permettrait précisément de ne pas s'y perdre. La différence avec le primitif réside dans le fait que la force autrefois conférée aux esprits s'est déplacée sur le moi. Mais qu'on l'appelle "esprit" ou "moi", c'est toujours une instance sacralisée qui tient les rennes: c'est en cela que le monde contemporain s'inscrit dans la continuité directe des sociétés les plus archaïques. Surestimant (sacralisant) les capacités de son moi, l'homme contemporain est convaincu de penser à chaque fois qu'il croit. Au point de ne cesser de se projeter dans la matière qu'il transforme, au point d'encenser les objets qu'il crée (Baudrillard) et de devenir dépendant de leur production (la gauche et la droite s'entendent également très bien sur la question de la croissance). Sa vision du monde et de lui-même est illusoire (c'est le propre de tout fétichisme) et fallacieuse (elle confère à la dépendance l'apparence du libre choix). L'idéologie du bonheur n'est que le dernier habillage d'une pulsion archaïque: on veut croire que la pensée peut plier (ramener à soi) le monde objectal. Or ce qui attise plus que jamais cette croyance et en décuple les effets, ce sont justement ces prothèses qu'on appelle techniques.

L'histoire de l'art est un parfait témoignage de cette évolution des mentalités. La nouveauté de la peinture de la Renaissance, c'est son réalisme. La maîtrise technique déployée alors révèle quand et comment l'homme occidental s'est polarisé sur la réalité objectale. L'art moderne atteste à quel point cette fixation sur l'objet ne fait ensuite que s'accentuer, quand bien même elle est camouflée, quand bien même est entretenue l'impression contraire d'une ouverture à la subjectivité. En 1914, le peintre Marcel Duchamp donne un titre à un porte-bouteilles comme on en donne à un oeuvre d'art. A partir de là, il élabore sa théorie du ready-made non rectifié : la simple présentation d'un objet tient lieu de représentation artistique. N'importe quel objet est une oeuvre pour peu qu'un sujet le décrète. De fait, trois ans plus tard, il présente cette fois un autre objet (un urinoir) dans une exposition. Concernant le choix de l'objet, Duchamp précisera plus tard : "Il faut parvenir à quelque chose d'une indifférence telle que vous n'ayez pas d'émotion esthétique. Le choix des ready-made est toujours basé sur l'indifférence visuelle en même temps que sur l'absence totale de bon ou de mauvais goût - en fait, une anesthésie complète".

Fait significatif, pour atteindre cette indifférence, Duchamp recourt à des objets fabriqués industriellement, le détournement de leur fonction utilitaire en art étant érigé en principe. Pour se justifier, il utilise l'une de ces pirouettes verbales dont il a le secret : "C'est le regardeur qui fait le tableau" pour dissimuler (et se cacher à lui-même) le fait que  "c'est désormais l'industrie qui se substitue à l'oeuvre d'art": "C'est l'objet technique tout fait par elle qui se substitue à ma maîtrise technique", "c'est l'industrie qui s'impose à moi, c'est moi qui m'efface devant elle". En fait, tel le soldat inconnu symbolise tous les soldats morts pour la patrie, le porte-bouteilles de Duchamp condense l'ensemble du réel produit par la technique. Ce n'est pas un hasard si le ready-made manifeste cette fascination devant l'objet industriel durant la Première Guerre mondiale, quand l'industrie se révèle sous son aspect le plus fascinant.

Certes, le sujet-Duchamp semble rester maître du jeu dans cette histoire: c'est en effet lui qui choisit l'objet-urinoir, c'est lui seul qui décrète s'il en fera de l'art ou pas. Mais quand on en vient à devoir choisir entre un urinoir ou un bidet pour remplir une salle d'exposition, c'est que la liberté de choix est devenue aussi factice qu'autrefois le premier tableau académique venu. Duchamp (et ses adorateurs) ne sont en mesure de présenter cette présentation de l'objet technique comme un acte créateur et libératoire que par un pur effet de rhétorique (le titre de "l''oeuvre", le contexte d'exposition...), ils n'en sont pas moins réduits au rang de simples faire-valoir de la technique: pas seulement de la haute technologie mais de toute la technique: le fait que le choix doive s'opérer de préférence sur un objet le plus banal possible en est la preuve tangible.

Cette rétrogradation est présentée comme une promotion selon un principe bien connu, que La Fontaine résumait autrefois dans sa fable Le renard et les raisins. En l'occurrence, la fascination devant l'objet technique est si forte qu'on la travestit en son contraire: l'indifférence. Le moi ne s'approprie donc le beau rôle que par un pur jeu de langage (Duchamp adorait les calembours). Mais le procédé est factice car ce moi se présente comme un moi seul (cynique, indifférent, déconnecté de toute intériorité...) alors que, à y regarder de plus près, il est incapable d'assumer sa solitude : il a besoin qu'un autre sache qu'il est cynique et, pour cela, il utilise donc tout un jeu de connivences avec le "milieu" de l'art : les galeries, les revues, etc. Je ne crie pas ici à la théorie du complot car le propre d'un complot, c'est d'être fomenté. Non, tout se joue ici au niveau inconscient. La caractéristique de l'art officiel actuel (celui qui est enseigné à l'Université, qui est commandité par l'État, acheté par les patrons des multinationales, etc.), c'est que, bien que se présentant comme autoréférentiel, il ne peut exister sans une instance qui le légitimise. (Nathalie Heinich : Le Triple jeu de l'Art contemporain). Selon le vieuxprincipe "chassez le naturel, il re-vient au galop", l'art en érigeant son autonomie en dogme, s'est assujetti au social comme il ne l'avait encore jamais été.

"Dans les milieux autorisés", aurait dit Coluche, l'on ne cesse de vanter l'idée que l'oeuvre et l'artiste ont acquis un statut d'autonomie inégalé. Mais justement, sans les "milieux autorisés", sans les subventions, exit "l'art contemporain"! De fait, dès lors qu'on aborde les choses dialectiquement, on comprend que ce n'est pas tant l'autonomie que l'on cherche consciemment à élever au rang d'art de vivre que l'autarcie, mais cette fois depuis les directives de l'inconscient.

L'expression même "art contemporain" (comme si les peintres de Lascaux n'avaient pas été les contemporains de leur temps !) atteste de façon on ne peut plus explicite la volonté sourde de se confiner dans un moment toujours plus réduit à lui-même, sans origine ni perspective. Or si "l'art contemporain" parvient précisément à s'imposer comme art officiel, c'est non seulement qu'il incarne l'idéologie nihiliste de "nos" élites technocratiques mais aussi parce que ce nihilisme est parvenu à... annihiler tout esprit critique dans l'ensemble du corps social. De fait, l'approche de l'oeuvre par le goût n'est plus seulement présentée comme ringarde, comme au bon vieux temps du Père Duchamp, mais comme "tyrannique" (François Pinault : « Je n'accepte nulle tyrannie du goût », Le Monde du 29 avril 2006). En clair: l'évacuation du goût correspond à l'exclusion de tout ce qui pourrait inviter le moi à sortir de son isolement, de tout ce qui exigerait de lui un peu d'humilité. Tout ce qui pourrait le transcender.

"L'art contemporain" n'est qu'un moyen parmi beaucoup d'autres par lequel le Système technicien fait passer l'enfermement dans l'hic et nunc pour du bonheur et de la liberté. La politique-spectacle, la téléréalité, les "actualités", la publicité... fonctionnent sur des modes similaires. Or si ces phénomènes parviennent à s'imposer sans susciter rien d'autre que quelques réactions indignées ici ou là (vite qualifiées de réactionnaires car ne dépassant pas le registre de l'affect), c'est que la pression du Système est telle qu'elle inhibe tout sens critique, tout sens des valeurs, tout sens de la responsabilité. Peu nombreux aujourd'hui sont ceux qui, s'exerçant à la dialectique, semblent comprendre que toute cette déperdition d'énergie provient des prétentions immodérées du moi; du fait que, voulant tout régenter, il n'a plus d'autre interlocuteur que lui-même, sourd au mythe qui lui enseigne les effets mortifères du narcissisme. Si l'on se rappelle que l'individu, c'est l'individuum (l'indivisible), alors l'individualisme dont se gargarisent tant de sociologues n'est qu'une construction intellectuelle sans fondement. Comme je viens de le montrer avec l'exemple de "l'art contemporain", jamais en effet l'humain n'a autant qu'aujourd'hui été coupé de lui-même, séparé de ses racines, privé de perspectives. L'inculture qui suinte du débat politique et l'institutionnalisation du travail précaire (le "précariat", comme dit Robert Castel) sont sans doute les signes les plus caractéristiques de cette absence de vision téléologique. S'il n'était qu'une seule raison à cela, je la verrais dans l'égocentrisme, cette doxa qui réduit le psychisme au seul moi.

 Or plus un être est convaincu qu'il peut contrôler sa vie par l'exercice de sa seule raison, plus il se berce de douces illusions et s'expose à de brutales désillusions. Qu'il le veuille ou non (mais surtout quand il ne le veut pas), des forces sont à l'oeuvre en lui, pour le coup véritablement autonomes, qui le conduisent à projeter sur le réel des désirs qui, à force de n'être pas reconnus comme tels, viennent contaminer sa conscience. Jadis baptisées "dieux", "démons" ou "destin" , ces forces sont peu considérées aujourd'hui. Quand elles le sont, c'est en général sous le terme "inconscient". Mais, là encore, l'approche de la notion est stérile ou féconde selon qu'elle est idéologique ou dialectique. Je ne donnerai que deux exemples.

 

 

 

 

Par sa "découverte" de l'inconscient, Sigmund Freud aurait pu placer le psychisme sur un plan ontologiquement comparable au monde objectal. Or il n'en fut rien. Se présentant lui-même comme matérialiste, il s'est empressé de réduire l'inconscient à une donnée biologique : le réceptacle de désirs sexuels refoulés par la conscience. Sa doctrine était en fait déterminée par la Vienne puritaine dans laquelle il évoluait. Elle en était une réaction. Elle est idéologique au sens où l'idéologue est celui qui réduit la réalité à ce qu'il projette sur elle. L'analyse des faits est altérée, invalidée, aliénée par les projections de l'inconscientC. G. Jung considérait quant à lui l'inconscient comme "un monde à part entière", un univers intelligible, certes, mais aussi irréductible à la théorisation que la matière. Il savait qu'il n'était pas moins dépourvu de préjugés que Freud mais il posait comme fondement déontologique l'exigence de passer ces préjugés au crible de l'expérience; chaque patient étant considéré comme une personne unique, exigeant par conséquent une méthode clinique adaptée à sa singularité. Ce en quoi sa démarche m'apparaît dialectique.

 

 

 

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21 juin 2006 3 21 /06 /juin /2006 21:57

Le lecteur l'aura compris, j'assimile l'idéologie à de la pensée aliénée, conditionnée et fossilisée dans les présupposés; je vois au contraire dans la dialectique la dynamisation permanente de la pensée, une sorte de vaccin contre le réflexe fétichiste. L'idéologie relève de la paresse intellectuelle et de l'effet de mode, la dialectique de l'honnêteté intellectuelle et de la solitude assumée.

Qu'en est-il alors de l'inconscient lorsqu'il est abordé dialectiquement ? La névrose est considérée comme un avertissement, le signal d'une carence de sens. Or il n'y a pas de sens possible en dehors d'une égale considération de la matière et de l'esprit et sans leur confrontation: privilégier l'un (matérialisme) ou l'autre (mysticisme) ne peut que mener qu'aux désordres de toutes sortes (psychiques, politiques, sociaux, environnementaux...).

Quiconque considère les objets, les événements et leurs représentations en ignorant le fait qu'il projette sur eux une bonne part de lui-même, celui-là se place ipso facto sous leur dépendance. Il s'y aliène et donc se déresponsabilise. A commencer par le cynique et l'hédoniste, incarnations de l'esprit du temps, qui ne cherchent qu'à cacher cette dépendance derrière une même prétention du moi (vanité) mais qui ne peuvent se libérer de quoi que ce soit que de façon illusoire : le moi, coupé de toute intériorité, ne peut plus que se réfugier derrière les apparences pour se donner une ombre de consistance. Or la substitution du paraître à l'être semble aujourd'hui devenue la règle. Le simulacre mis en oeuvre par la télé-réalité, permettant de dissimuler son manque d'étoffe derrière le réel et ses représentations, est le symptôme d'une façon de vivre largement partagée. Le sens des responsabilités est ici d'autant plus mis à mal que les tenants de la théorie de l'individualisme entretiennent une énorme confusion en identifiant "sujet" et "individu". A mon sens, si tout être vivant est un sujet (y compris le comateux), l'on ne devient individu que par le biais de l'expérience de la dialectique du moi et de l'inconscient (que Jung nomme "processus d'individuation"), centrée sur le repérage des projections inconscientes et leur différenciation d'avec le moi.

RETOUR AU SUJEt

 Mon exposé est parti d'une question: dans le cas d'une catastrophe écologique comme celle de Tchernobyl, comment déterminer les responsabilités ? La citation de Svetlana Alexievitch sur laquelle Gérard clôt son article, a valeur de recommandation : « Avec Tchernobyl, l'homme est placé devant la nécessité de revoir toutes ses représentations de lui-même et du monde ». Si j'ai donc posé comme préalable à l'étude de cette question le croisement des analyses de Jung et Ellul, c'est précisément pour répondre à l'invite de l'écrivaine russe : "revoir toutes ses représentations" appelle à mon avis une réponse globale, dialectique, ne se confinant pas à un cadre strictement socio-écolo-politique, comme c'est hélas le cas fréquent, mais intégrant aussi les champs de la sociologie de masses et de la psychologie de l'inconscient.

Or ce que j'entends surtout, ce sont les adeptes de la démocratie participative, quand ils affirment qu'être responsable, c'est ne pas se reposer sur les élus, encore moins se résigner à voir ceux-ci se défaire de leurs responsabilités (autrefois les nôtres) sur celle des experts, mais au contraire prendre part directement et plus nombreux à la vie de la cité. Cette approche m'a longtemps paru séduisante avant que je n'y décèle, une fois de plus, le réflexe objectiviste typique du discours idéologique. Ceci pour au moins deux raisons. Dire tout d'abord qu'il ne faut plus déléguer ceci ou cela, c'est vite oublier pourquoi on en est venu, il y a plus de deux siècles, à déléguer ceci ou cela. C'est oublier que la démocratie parlementaire n'est rien d'autre qu'une technique de gouvernement qui s'est imposée quand l'État a atteint des dimensions telles qu'il fallait bien déléguer. Préconiser des modes de démocratie directe sans, dans le même temps, se livrer à une critique de l'État relève donc d'une vision réductrice. Deuxième objection : quand les partisans de la démocratie participative décrivent la crise de la démocratie représentative comme résultant d´une mainmise des entreprises transnationales sur les institutions politiques, ils ont tort de désigner cette mainmise comme la cause des dysfonctionnements planétaires alors qu´elle n´est qu´une conséquence d´un phénomène qui dépasse largement le cadre de la politique : le Système technicien.

Ellul a traité ce problème il y a plus de quarante ans dans L´Illusion politique. « Nous assistons au développement de l'illusion de l'homme politique qui croit maîtriser la machine de l'Etat, qui croit prendre des décisions politiques toujours efficaces, alors qu'il se trouve de plus en plus impuissant en face de la rigueur croissante des appareils étatiques. Or, cette impuissance de l'homme politique est voilée précisément par la puissance et l'effica-cité des moyens d'action de l'État qui interviennent toujours plus profondément (...) dans la vie (...) des citoyens. (...) L'homme politique, fût-il dictateur, n'a finalement aucune maîtrise de ces moyens. Réciproquement, paraît l'illusion du citoyen, qui, vivant encore sur l'idéologie de la souveraineté populaire et des constitutions démocratiques, croit pouvoir contrôler la politique, l'orienter, participer à la fonction politique».

 Il se trouve que, pour avoir milité au sein de l´altermondialisme (j´ai présidé durant deux ans le comité local d´Attac Aix-en-Provence), j´ai cédé moi-même à cette "illusion" et "vécu sur l´idéologie des constitutions démocratiques". Avec d´autres, j´ai dénoncé la dérespon-sabilisation des élus au profit d´instances non démocratiques (OMC, FMI, Banque Mondiale, Commission de Bruxelles...) et cru que la cause de cette dépossession de pouvoir résidait dans "le Marché". Sans jamais me réclamer moi-même du marxisme, j´ai repris à mon compte bon nombre de présupposés marxistes.  Or tout cela, je le dis aujourd´hui avec détachement, je l´ai fait par commodité intellectuelle : moi qui militais pour la démocratie participative, j´ai finalement abandonné mon jugement aux "fondamentaux" alter-mondialistes sans jamais vraiment prendre le temps de soumettre ceux-ci à une critique ciblée. Je me suis investi dans cette entreprise sans compter mon temps. Comme tant d´autres, mon militantisme a été sacrificiel. Mais ce que j'ai sacrifié plus que tout autre chose, c'est ma réflexion personnelle. Ce sont finalement les options prises par Attac en 2003, lors de son assemblée générale annuelle, qui préconisaient l´engagement dans la realpolitik, qui m´ont fait saisir à quel point les altermondialistes reprennent presque point pour point les anciennes pratiques partisanes, dont l´effondrement du bloc communiste avaient pourtant signifié clairement l´échec. Je considère aujourd'hui que ce n´est pas tant la "marchandisation du monde" qui est à placer sous le feu de la critique que sa "réification". Après tout, le libéralisme ne s´est pas érigé en pensée unique suite à un coup d´État. Nos dirigeants sont ceux que nous avons élus, ceux que nous méritons, ceux à qui nous ressemblons, quand bien même, suivant un réflexe primaire (« l´enfer, c´est les autres »), nous souhaiterions souvent qu´il n´en soit pas ainsi.

 

 

 

 

 

 

Être responsable, c´est effectivement ne pas se reposer sur les élus ni laisser ceux-ci s´en remettre aux experts mais c´est aussi ne pas faire systématiquement siennes les idées dominantes d´un groupe, quand bien même celui-ci s´attaque à la pire des dictatures. Être responsable, c´est "aimer son prochain comme soi même", pas moins, pas plus : quiconque sacrifie son temps à une cause s´y perd. Il n´est d´engagement valable que dans la capacité à se désengager dès lors qu´on aperçoit que l'intégrité de sa pensée est menacée. A défaut de quoi, l'union fait la farce.

Être responsable, c´est se libérer de la puissance d'envoûtement du réel objectif sous toutes ses formes. Ce qui nécessite un effort considérable au quotidien. Chaque jour, je mesure l´emprise du Système, en premier lieu dans le cadre mon métier : enseignant les arts plastiques en collège, il m´est impossible d´appeler chacun de mes 451 élèves par son prénom, a fortiori d´établir avec lui un lien personnel. Être responsable, c´est réaliser que ce genre de situation absurde, ce n´est pas le Marché qui en est la cause mais bien l´immense machinerie que les hommes ont construite au fil du temps dans l´unique but de s´adorer eux-mêmes. C´est mettre tout en oeuvre (à commencer par un témoignage) pour compenser le non-sens généralisé du Système par du sens et de l´intime conviction, au risque d´être incompris. C´est s'opposer sans relâche aux idéologies (au Mensonge, écrit Gérard) et aux idées reçues de toutes sortes par les armes de la dialectique.

Le processus de fétichisation est le propre de l´homme, tout autant que la volonté de ne pas le reconnaître comme tel. Les prophètes de l'Ancien Testament l'avaient bien compris lorsqu'ils pourfendaient l'adoration du Veau d'or. Les dénonciateurs du culte des images aussi ou encore les initiateurs du protestantisme, lorsqu'ils désignaient le spectacle catholique comme une subversion du message d'humilité de Jésus de Nazareth. Ou plus près de nous un Feuerbach : «Sans doute notre temps... préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la réalité, l'apparence à l'être... Ce qui est sacré pour lui, ce n'est que l'illusion, mais ce qui est profane, c'est la vérité. Mieux, le sacré grandit à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l'illusion croît, si bien que le comble de l'illusion est aussi pour lui le comble du sacré.» (Préface à la 2ème édition de L'Essence du christianisme).

Hélas, la réflexion sur la fétichisation (des objets, des faits, des images, du langage lui-même) n´a été reprise que très rarement (Ellul, Charbonneau, Illitch, Debord...) et sans grande audience. Elle est de fait complètement absente du débat politique comme de tous les "forums sociaux" altermondialistes. Du côté des "dominants", on parle de gestion, de pragmatisme, de management... du côté opposant, de démocratie, de régulation, d´alternatives... dans les deux cas, on entretient la même croyance que l'on peut changer les choses en leur donnant d'autres noms (tout comme notre ami Duchamp croyait sincèrement faire oeuvre en baptisant "fontaine" son urinoir. Qui l'aime le suive). Ainsi quand on invoque la nécessité de se référer à l'éthique, au principe Responsabilité (Hans Jonas) ou à je ne sais quel  "principe de précaution ", on peine à réaliser que ces principes ne sont eux-mêmes que des techniques ; et qu'en y croyant, on se confine dans l'illusion de pouvoir agir sur les faits, alors que l'on reste conditionné par eux, façonné par eux, dépendant d'eux. C'est pour cela que ces types de discours n'ont aucune prise sur le réel.

Pour lutter contre le Système technicien, il convient non pas de nier les faits mais de s'extraire de leur emprise; pour cela, ne pas les aborder seulement comme des perceptions et des conceptions de la conscience mais aussi comme des projections inconscientes. Seulement de la sorte on peut espérer se défaire du réflexe objectiviste. Mais c'est aujourd'hui un travail considérable, tant les militants ont pris du retard en conservant durant toutes ces années des postures convenues. J'en suis. Le bruit médiatique, la publicité, la communication d´entreprise, l'organisation du travail, du chômage, de la précarité, de la culture, des loisirs... jusqu'à la politique elle même et tous les discours idéologiques, petits et grands (... toutes ces choses qu'Ellul assimile aux "techniques de propagande du système") participent d'une même tendance à travestir en bougisme et en logomachie une incapacité foncière à penser le monde de façon détachée. De fait, quand bien même toujours plus d'êtres subissent l'aliénation et en souffrent, le monde actuel n'en continue pas moins de devenir plus aliénant. Ce n'est donc pas la conscience des choses qui fait défaut; c'est le fait que les présupposés objectivistes ne sont pas levés, qui rendent cette conscience inopérante, incapable de se convertir en responsabilité.

Ce décalage entre la connaissance des dysfonctionnements et l'incapacité à y remédier vient d'un complexe d'infériorité par rapport aux faits qui va croissant. Les idéaux sont aujourd'hui désignés comme des pêchés de jeunesse. Ne serait-ce qu'au sein de l'institution scolaire, le pragmatisme est promu en règle de vie auprès des jeunes générations; non par le biais d'une catéchèse déclarée mais sur le mode tacite, quasi subliminal. Or si cette propagande s'opère ainsi, c'est qu'ont été intégrés les concepts modernes d´individu, d´Homme (avec un grand H), de citoyen; mais qu'en même temps, on ignore que ces entités dites universelles ne sont que des extrapolations consécutives au mythe de la Mort de Dieu; autant dire des abstractions. Certainement pas moins des abstractions que l'idée de Dieu, me dira t-on, mais pures ratiocinations en regard de l'expérience de Dieu ou, plus simplement, de l'expérience spirituelle.

En écrivant cela, j´entends déjà monter les cris d´orfraie : « De quoi ? Mais monsieur, le spirituel n´est qu´une affaire de vie privée ! ». Je sais. L´âme n´est aujourd´hui tolérée qu'en tant que supplément. Mais alors ? Si seul le discours raisonné est mis au centre de l´arène publique, faut-il s'étonner que la politique ne soit plus qu´affaire de rhétorique et par conséquent foncièrement inapte à anticiper les situations ? La politique atteindrait certainement ses buts si elle n'était qu'une affaire de gestion, mais une gestion conduite par des sujets accomplis et libres, pour le coup d'authentiques individus, qui n'éprouveraient plus le besoin de sacraliser quoi que ce soit pour se sentir exister.

 PANSER L'ARTICULATION DU JE-NOUS

Résumons nous. La responsabilité n'est plus vécue comme une question centrale parce la politique étant érigée en nouvelle religion, le moi n'a plus "personne" à qui s'opposer en chacun de nous. Le "conflit de devoirs", qui était jusqu'à présent la seule vraie source de responsabilité, est devenu caduc. La responsabilité donc est réduite à une peau de chagrin: on ne l'invoque plus que quand les faits l´exigent, quand le réacteur de Tchernobyl est en purée, quand il est déjà trop tard.

 

 

 

 

 

 

Se pose donc une question. S'il est malsain, ou pour le moins mortifère de laisser le moi seul avec lui-même, quel interlocuteur, en notre for intérieur, pourrait-il être à même de le revifier (le rendre à nouveau responsable) sans que l'on retombe une fois de plus dans le mécanisme de la croyance ? Il me semble ici opportun de rappeler l'enseignement de Jung: le moi n'est qu'une conquête tardive de l'Humanité, un ilôt dans le psychisme. Un arbre qui ne doit sa survie qu'à ce qui l'irrigue souterrainement. Si les idéologies sont si vivaces, c'est que l'inconscient dispose d'une force créatrice incomparable. Or quand le moi s'arroge cette prérogative, il n'est qu'un usurpateur et son calcul se retourne immanquablement contre lui. En revanche, quand il reconnaît sa petitesse en regard des forces obscures, alors il peut légitimement prétendre à une certaine autonomie.

 Que retirer, en terme d'action politique, d'un tel enseignement ? J'observe que les altermondialistes reprennent la célèbre formule d'Ellul "penser globalement, agir localement" en lui conférant la plupart du temps un sens strictement historiciste: "il faut comprendre les mécanismes socio-économiques qui régissent actuellement la planète pour être à même de reprendre le contrôle de la politique sur la finance, et cela ne peut s'opérer qu'à l'échelon local, micro-économique, en veillant à ce que chaque sujet ne soit plus un simple rouage de l'économie mais un acteur à part entière". A priori, cette idée me convient. Mais en se contentant de formuler les choses ainsi, en ignorant à quel point l'inconscient est une puissance autonome, et comment il devient d'autant plus incontrôlable qu'il n'est pas reconnu comme tel, ils se comportent en doux utopistes, en adeptes du bougisme ("faut qu'on, y a qu'à") sans vraiment prendre le temps de questionner l'ensemble de leurs motivations. Cette esquive rend du coup inconcevable et impraticable tout programme.... toute prise de responsabilité.

Quand Ellul avance que la Technique est devenue un phénomène autonome, je ne le comprends pas autrement que comme phénomène résultant d'une submersion du moi par l'inconscient d'autant plus importante que le moi s'arrogeait la prétention de tout contrôler. Que signifie alors l'équation global-local en termes dialectiques ? "Penser globalement" devient : "Prendre conscience que tout le monde, a priori est aliéné par le Système technicien ; "agir localement" devient "agir sur l'échelon le plus local qui soit : non pas la région, le département, la communauté urbaine ou le village, ni même la famille ou le couple, mais ce que Jung appelle le Soi, cette intrication du moi et de l'inconscient. "Penser globalement" et "agir localement", c'est finalement exactement la même chose: agir sur soi, s'expérimenter en permanence (lors du processus d'individuation), C'EST apprendre à penser le monde de façon détachée, dépassionnée, ce qui non seulement garantit la fiabilité de cette pensée mais rend envisageable une action sensée sur le monde.

Le Système technicien (à travers le principe de laïcité, qui n´en est qu´une déclinaison) a créé une fracture entre vie privée et vie publique. Mise en avant par le christianisme primitif, la première est aujourd´hui annexée par la seconde qui, elle, en sort survalorisée : ne pouvant s'empêcher de sacraliser quelque chose, les humains n´ont pu se défaire de l'ancienne religion sans la remplacer par une nouvelle, la politique. "L'Homme-et-le-citoyen" est un mythe qui se nourrit de la croyance en la mort de Dieu. Or plus de deux siècles se sont écoulés depuis la naissance de ce mythe. C´est largement assez, me semble t-il, pour en évaluer les effets : plus un humain se croit autonome de par l'exercice de sa seule raison, plus il s'illusionne et moins il est libre et responsable. En formatant l'ensemble de la la sphère privée, le Système technicien (notamment l´appareil d´État) réduit l'autonomie et la liberté, paralyse la responsabilité.

Il n´est donc de responsabilité possible que par la désaliénation de la Technique (Ellul), que par la capacité des sujets à sacrifier leurs derniers penchants idéologiques et à s'individuer (Jung). Il n'est de responsabilité qu'à travers la confrontation du moi avec ce qui n'est pas lui: non pas l'altérité, (voilà encore un terme à la mode qui ne signifie rien !) mais ce qui, en soi même, transcende le moi: l'inconscient.

 Aller à la rencontre de l'inconscient n'est pas une mince affaire. C'est même l'acte responsable par excellence. Car l'enjeu n'est pas tant le voyage touristique en terre imaginaire que le repérage de ses démons les plus intimes, ou si l'on préfère : ses névroses, petites ou grandes. Tant que ces démons ne sont pas identifiés, ils sont livrés à eux-mêmes et projetés sur l'autre de la façon la plus aléatoire, la plus imprévisible, la plus irresponsable. D'abord pour ce qui nous apparaît le meilleur (l'illusion) puis pour ce qui est vécu comme le pire (le désenchantement): "être" amoureux, c'est toujours "tomber" amoureux. Fantasmer nous empêche toujours de connaître le réel et de l'aimer pour lui-même. Mais quand la conscience rencontre l'inconscient, elle n'en n'est plus l'esclave mais l'amie. Ce n'est pas seulement le sens qui réapparaît alors mais la paix : la paix avec l'autre en même temps que la paix avec soi-même.  "Penser" devient "panser".

 

 

 

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