16 mars 2010
Après quarante heures de négociations, socialistes et écologistes ont trouvé un terrain d’entente dans l’ensemble des régions sauf la Bretagne. Malgré des différences programmatiques importantes dans plusieurs régions, les états-majors ont lissé leurs différences et présenteront un front uni au second tour.
Pays de la Loire. Europe Ecologie était vent debout contre le projet de nouvel aéroport de Nantes, fortement défendu par le PS. Prévu pour 2015, ce chantier visait à remplacer l’actuel aéroport de Bouguenais. D’un côté, on dénonce une réalisation “inutile” et nuisible à l’environnement, de l’autre, on juge la réalisation indispensable au développement de la région. Comment concilier les deux positions ? A l’issue des négociations, le projet n’est pas remis en cause sur le fond, mais quelques points symboliques ont été accordés aux écologistes : la région n’accordera pas de subvention d’investissement, mais éventuellement des avances remboursables, contre lesquelles les Verts se réservent le droit de voter. La région ne financera pas non plus d’infrastructures routières pour l’aéroport.
Rhône-Alpes. Dans une campagne assez rude entre le président socialiste sortant Jean-Jack Queyranne et le candidat écologiste, Philippe Meirieu, le score d’Europe Ecologie, 17,8 %, a changé le rapport de force. La pierre d’achoppement entre les listes portait sur la candidature de la ville d’Annecy aux JO d’hiver 2018, défendue par le PS et refusée par Europe Ecologie. Mais la ville n’a pas encore été sélectionnée et la date est trop lointaine pour en faire un point de clivage. Un désaccord subsiste sur la gare TGV dans le sud de la Drôme mais les détails de l’accord doivent êtres rendus publics demain. Ce sont surtout les vice-présidences de la région qui ont été débattues. Le PS en prendrait 8, les écologistes 6 et le Front de gauche une, selon Le Progrès.
Aquitaine. Les écologistes avaient dans le viseur le projet de ligne à grande vitesse (LGV) censée traverser la région et relier Bordeaux à Hendaye. Ce projet, fortement soutenu par le président socialiste Alain Rousset, était à la source de fortes crispations et la réconciliation entre les deux tours pouvait paraître difficile. “Nous avons obtenu une réalisation d’études complémentaires et indépendantes” explique-t-on côté écologiste. “Ces travaux amèneront des éléments nouveaux qui alimenteront la réflexion sur le tracé et la nécessité de cette ligne.” Les écologistes obtiennent donc peu de choses, mais leur score, en deçà de 10 %, ne leur permet pas de faire pression sur Alain Rousset qui, avec 37,6 % des voix au premier tour, a toutes les chances d’être réélu.
Provence-Alpes Côte-d’Azur. Le réacteur thermonucléaire de Cadarache est au centre des négociations entre Europe Ecologie et le Parti socialiste en PACA. Pour l’équipe conduite par Laurence Vichnievsky, il était impossible de s’associer au financement de ce méga-projet alors que Michel Vauzelle, président socialiste sortant, y est favorable. Les deux partis ont néanmoins préféré se retrouver côte-à-côte plutôt que de prendre le risque d’une quadrangulaire hasardeuse face à Thierry Mariani (UMP) et Jean-Marie Le Pen (FN). Un accord a donc finalement été trouvé. “Nous avons signé un bon accord qui va permettre […] une gouvernance toujours plus transparente et toujours plus éthique”, a déclaré Mme Vichnievsky. Parmi les points d’accord, la chef de fil Europe Ecologie a indiqué qu’il n’était pas possible de revenir sur les 70 millions de subventions engagées pour le projet ITER de fusion thermonucléaire, mais qu’elle avait “obtenu l’assurance qu’aucun euro ne sera versé” au-delà de cette somme. Concernant les transports, “nous avons négocié une priorité sur le ferroviaire et les investissements représenteront le double de ceux sur le routier ou l’autoroutier”, a-t-elle détaillé. [ et l'article est gentil il oublie l'A51 et la LGV]
Ile-de-France. Forte de ses 16,5 % en Ile-de-France, Cécile Duflot, tête de liste Europe Ecologie, est parvenue à faire accepter au président socialiste sortant, Jean-Paul Huchon, l’un des points forts de sa campagne : un tarif unique pour les transports en commun régionaux. Les deux camps avaient pourtant durant la campagne une perception très différente du coût du projet : 152 millions d’euros par an, selon les Verts, 600 millions d’euros pour les socialistes. Jean-Paul Huchon a néanmoins précisé qu’ils ne s’étaient pas “calés sur un chiffre” : “On se donne deux ans pour le mettre en place”, a poursuivi le président sortant, soulignant que “des études approfondies” allaient commencer “prochainement”.
Samuel Laurent et Eric Nunès
Photos AFP